Matériel Électrode tungstène code couleur : guide complet pour une utilisation optimale en soudure TIG

Électrode tungstène code couleur : guide complet pour une utilisation optimale en soudure TIG

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Électrode tungstène code couleur : guide complet pour une utilisation optimale en soudure TIG

En tant que passionné de techniques d’autonomie et de précision, je peux vous dire une chose : maîtriser la soudure TIG, c’est un peu comme jouer d’un instrument. Il faut savoir accorder ses outils. Et parmi eux, l’électrode tungstène joue le rôle de la corde sensible. Je vous propose aujourd’hui un guide terre à terre sur le code couleur des électrodes tungstène, pour une utilisation optimale sur votre poste TIG. Ce billet, c’est du vécu de soudeur, passé à la loupe.

Pourquoi la couleur d’une électrode tungstène est-elle si importante ?

Quand on débute (et même après quelques années de pratique), on pourrait croire qu’un bout de tungstène, c’est juste un bout de tungstène. Détrompez-vous. Derrière la petite pastille de couleur qui orne l’extrémité de ces électrodes, se cache une alchimie bien précise. Chaque teinte correspond à une composition différente et donc à un comportement différent sous l’arc. Résultat : selon la couleur que vous choisissez, vous gagnerez en stabilité, pénétration, durée de vie… ou l’inverse, si vous vous trompez !

En TIG, on ne triche pas avec le matériel. Choisir la “mauvaise” électrode peut démarquer votre soudure propre d’un chantier raté. Alors autant s’équiper en connaissance de cause.

Principe de codage couleur

Le système de codage des électrodes tungstène est normalisé par l’ISO 6848. Chaque couleur indique l’alliage utilisé et ses propriétés principales : comportement à l’allumage, tenue de l’arc, tolérance aux surintensités, réactivité au courant alternatif ou continu… Plutôt que de s’essayer à l’aveugle, passons les principales électrodes en revue, avec leurs usages typiques en atelier ou sur le terrain.

Tour d’horizon des coloris majeurs

  • Rouge (WT20 – 2% Thoriée) : La vieille gloire. On ne compte plus les anciens qui ne jurent que par elle. Excellente stabilité d’arc, longue durée de vie, idéale en courant continu pour l’acier carbone, l’acier inox et même le cuivre. Oui mais… elle contient du thorium, légèrement radioactif. En principe, rien d’alarmant tant que l’électrode n’est pas trop usée ou chauffée à blanc. Mais aujourd’hui, la plupart des professionnels se tournent vers des alternatives plus sûres. À manier avec précaution donc, surtout lors de l’affûtage.
  • Gris (WL10 – 1% Lanthane) : L’une des options modernes les plus polyvalentes. Très bonne pour AC et DC. Elle permet un amorçage facile et offre une belle stabilité d’arc dès les faibles intensités. Un bon choix pour les semi-automatisés ou les postes onduleurs. Perso, c’est une de mes préférées pour du TIG sur inox très fin.
  • Bleu (WL20 – 2% Lanthane) : Encore plus chargée que la grise, cette électrode est particulièrement prisée pour les travaux de précision, notamment en automatisé. Très bon compromis entre robustesse et amorçage. On la retrouve souvent en aéronautique ou micro-soudure. À noter : elle garde sa géométrie plus longtemps, ce qui évite les arrêts fréquents pour réaffûtage.
  • Or (WL15 – 1,5% Lanthane) : Le choix “multi-usages” par excellence, parfois surnommée « l’électrode universelle ». Elle tient bien l’arc, fonctionne très proprement sur la plupart des matériaux et accepte un usage AC/DC. C’est souvent celle que je recommande aux débutants qui souhaitent éviter de multiplier les références dans leur boîte à outils.
  • Vert (WP – Pur tungstène) : Celle-ci, c’est l’ancienne reine du TIG aluminium. Elle ne contient aucun additif, ce qui veut dire qu’elle forme une très grosse boule en AC, utile pour créer un arc large et stable sur alu. Mais attention : moins bonne tenue à l’échauffement, consomme plus vite, amorçage moyen. Depuis l’arrivée des électrodes lanthanées, elle est un peu tombée en désuétude. Je ne la garde que pour les tests old school.
  • Violet (WX – Rare Earth – alliages mixtes) : Là, c’est le cocktail maison. Les fabricants y mélangent plusieurs oxydes (yttrium, zirconium, etc.) pour obtenir une électrode très stable, à fort rendement. Idéale pour les travaux complexes avec alternance fréquente entre AC et DC. Plutôt destiné aux pros exigeants ou aux configurations atypiques.
  • Blanche (WZ8 – 0,8% Zirconium) : Bonne réponse en courant alternatif, avec une faible érosion. Pourtant, elle reste peu utilisée car moins versatile et plus fragile que ses cousines à base de lanthane. Utile sur très forte intensité AC, notamment TIG alu épais.

Le choix de l’électrode selon le type de soudure

Je reçois souvent la même question lors de discussions en atelier ou sur chantier : “Victor, toi tu prends quoi pour souder de l’alu 3 mm ?” Ou pour l’inox, ou pour du tube… Voici donc quelques repères pratiques issus de mes propres observations :

  • Inox fin (tôles < 1,5 mm) : Grise ou bleue. Amorçage doux et peu d’usure. Préférez une affûtage pointu.
  • Acier épais : Rouge pour les inconditionnels, sinon or ou gris pour plus de sécurité sanitaire. Affûtage conique court.
  • Aluminium (épaisseur moyenne à forte) : Violet ou or, avec amorçage AC haute fréquence. Léger bombement au bout préféré à la pointe pure.
  • TIG pulsé automatisé : Bleue, très stable dans les plages rapides d’intensité variable.

Pour les amateurs d’autonomie énergétique, ces considérations valent aussi pour des opérations annexes, comme assembler un châssis de panneau solaire ou confectionner un boîtier batterie. Une électrode bien choisie, c’est un arc qui n’arrête pas au moindre pet de mouche.

Affûtage et entretien : ne sabotez pas l’électrode

Une électrode de qualité, mal affûtée, donnera un résultat bancal. Pensez à toujours affûter dans le sens longitudinal (jamais en tournant comme une vis), et à adapter l’angle selon votre intensité : plus de pointe pour le faible ampérage, moins pour le gros débit. Un affûtage précis réduit la turbulence arc-gaz, diminue les projections, et améliore la pénétration.

Si vous affûtez manuellement (comme dans mon ancien atelier avec une simple meuleuse sur table), dédiez un disque au tungstène. Le mélange de particules avec d’autres matériaux peut altérer les performances de l’électrode… et du soudage.

Stockage : l’entretien commence hors tension

Trop de soudeurs rangent leurs électrodes en vrac dans une boîte à outils pleine de limaille. Résultat ? Contaminations, oxydation, casse d’extrémité. Personnellement, j’utilise un tube PVC segmenté pour les garder triées par couleur, avec un petit bouchon desséchant dedans. Un geste simple, mais qui prolonge leur durée de vie et garantit une continuité de l’amorçage, surtout sur site isolé.

Quand changer son électrode ?

Question légitime, surtout pour les allergiques du gaspillage. Voici quelques signes annonciateurs :

  • Coloration noire ou bleue excessive en bout (surchauffe)
  • Déformation importante de la pointe
  • Amorçage difficile ou arc instable sans changement de réglages
  • Contaminants visibles ou tungstène qui « crache »

Dans le doute, mieux vaut perdre 2 minutes à remplacer qu’à refaire une soudure bâclée. Une électrode à bout affaibli engendre bien souvent plus de pertes en gaz et en énergie que son coût initial !

Petit mot entre passionnés

Le choix d’une électrode tungstène ne fait pas les gros titres, mais il façonne les bons traits de soudure. L’art du détail, comme dirait mon vieux formateur. Et dans les applications liées à l’énergie — fabrication de supports photovoltaïques, réparation de châssis de groupes électrogènes, ou création de systèmes d’autonomie — cette précision devient rapidement une nécessité. Car là où l’énergie est précieuse, l’approximation n’a pas sa place.

Ne cessez jamais d’expérimenter : testez, observez, adaptez. C’est en rognant nos électrodes qu’on aiguise aussi notre savoir-faire.

Et entre deux soudures, si le cœur vous dit, passez quelques minutes dans votre atelier à trier vos électrodes. Vous verrez : une petite organisation aujourd’hui, c’est du temps gagné demain — et une soudure en moins à retoucher.